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Теперь, узнавши о случившемся, я переживу с вами мысленно весь вчерашний день, с самой той минуты, как вы от меня воротились. Маминька, скажите ради Бога, как вы это всё вынесли?..
Сто раз обнимаю вас от всей души, и вас, папинька, и всех вас, и особливо героиню этого вели<кого> дня… и всех поручаю милост<и Божией>.[11] Простите… и среди вашей радости поминайте о уезжающем, который один на море — но сердцем с вами… Простите… Из Любека получите от меня письмо…
Целую ваши ручки.
Ф. Тютчев
Мой Матиас*, который светит мне фонарем, просил меня убедительно передать вам свою благодарность за подаренные ему вами два червонца. Я для великого дня обещал ему исполнить его желание.
Тютчевым И. Н., Е. Л. и др., 15/27 августа 1837*
37. И. Н., Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ и Н. В. СУШКОВУ 15/27 августа 1837 г. ЛюбекLübeck.
Ce dimanche. 15 août 1837
Enfin, chers papa et maman, me voilà à Lübeck, où nous sommes arrivés hier dans la soirée, au lieu d’y être rendus mercredi ou jeudi dernier. Mais aussi quelle traversée! Depuis deux ans on ne se souvient pas d’en avoir fait une semblable… C’était, je crois, pour me consoler de vous avoir quittés et quittés dans quel moment!
Mais ne parlons pas de moi. Que fait Dorothée, que fait l’enfant? Je donnerais volontiers la moitié de ma taxe de courrier pour avoir en ce moment de vos nouvelles. C’est demain le neuvième jour. J’espère en Dieu, que tout va bien.
Маминька, каковы вы?.. Si j’avais eu le sens commun, j’aurais dû il y a huit jours laisser à ma place le cocher de Souchkoff voguer vers Lübeck et retourner vers vous. Je me serais épargné par là bien des inquiétudes et à vous aussi peut-être. Car si par hasard vous aviez eu le très grand tort de penser ces jours derniers à autre chose qu’à notre accouchée le retard très involontaire de cette lettre peut vous avoir causé quelque alarme. Mais que voulez-vous. Le bateau à vapeur, sur lequel j’avais compté pour vous donner de mes nouvelles, avait quitté Travemünde trois heures avant que n’y fussions arrivés.
Et me voilà à Lübeck… dans la même chambre que j’ai occupé il y a trois mois, jour pour jour*. J’ai eu le sentiment, en me retrouvant ici, comme si je n’avais fait que rêver mon séjour auprès de vous… Est-il vrai, que pendant trois mois je vous ai vu tous les jours, que tous les jours je me sois assis à votre table… Et pourquoi cela a-t-il cessé tout à coup et pourquoi suis-je ici?..[12]
Мне одного очень, очень жаль. Я не успел, прощаясь с вами, поблагодарить вас за всю вашу любовь… Я знал всегда и помнил, что вы меня любите… Но после стольких лет разлуки я невольно был приятно изумлен, видя, что можно быть так любиму… От всей души благодарю вас… Простите мне многое, что могло во мне огорчить вас во время моего короткого пребывания. Я чувствую, как часто я бывал поистине несносен. Не припишите этого не иному чему, как странному полуболезненному состоянию моего здоровья — будь это сказано не в извинение мое, но в пояснение. Не поминайте меня лихом.
Любезнейший Николай Васильевич. Я еще не успел поздравить вас с вашим новым родительским званием. Дай Бог вам им вполне насладиться. Воображаю вашу радость, минувшую тревогу и теперешние крестные хлопоты. Об одном прошу вас, племянника моего ради. Повремените угощением, потчиванием. Не заставляйте этого младшего, весьма юного Ивана Николаевича через силу кушать, как вы это делаете со старшим*. Жаль мне очень было, что при отъезде моем не удалось мне проститься с вами. Но вы и без изустных уверений моих вполне должны быть уверены в моей искренней признательности за оказанную мне дружбу и родственное гостеприимство — брату вашему* засвидетельствуйте мое почтение.
Я полагаю, любезнейший папинька, что тетушка Надежда Николаевна должна быть теперь с вами*. Судьбе и Родофиникину не угодно было позволить мне с нею видеться…* Но память ее обо мне будет для меня всегда драгоценна. И всем, всем вообще, кто еще вспомнит обо мне через шесть недель, всем мой усердный и дружеский поклон.
Сколько раз, маминька, думал я о вас во время нашего многотрудного плавания. Сдавалось ли вам, что о вас думают на острове Борнгольме, где мы, за бурею, принуждены были простоять целые сутки на якоре. Не хороша гроза на Поварской, но на море еще хуже.
Письмо к жене я адресовал в ваш дом*, чтобы оно вернее дошло. Еще раз поручаю вам жену и детей — любите их меня ради. Мне, признаюсь, иногда очень грустно за жену. Никто на свете не знает, кроме меня, как ей должно быть на сердце… Мне бы очень хотелось, чтобы во время своего пребывания она поддержала некоторые связи и чтобы, если можно, удалось ей познакомиться с графиней Нессельроде*. Я теперь на опыте уверился, как по нашей службе подобные связи необходимы. Без этого тотчас попадешь в Годениусы. Уверен, что с вашей стороны вы сделаете все возможное.
При прощании с папинькой я просил его переслать в Мюнхен через жену или как ему угодно письменное обязательство от своего имени касательно занятых мною денег у ее тетки и сестры* — и теперь повторяю ту же просьбу. Вы видите, какой я бесстыдный попрошайка. Вольно же вам любить меня. — Простите. Первое мое письмо получите из Мюнхена.
Тютчевым И. Н. и Е. Л., 29 августа/10 сентября 1837*
38. И. Н. и Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ 29 августа/10 сентября 1837 г. МюнхенMunich. Ce 29 août/10 septembre 1837
Avant tout laissez-moi <de vous remercier>, chers papa et maman, des bonnes nouvelles que vous me donnez au sujet de Dorothée. J’espère qu’à la réception de cette lettre elle sera déjà tout à fait remise et sur pied. Voilà, grâce au Ciel, un grand souci de moins. Puisse le cher neveu croître et prospérer. Je suis arrivé ici le 6 du mois, n<ouveau> st<yle>. Vous voyez que pour un courrier je ne me suis pas piqué d’une diligence extrême. Mais en égard à l’expédition dont j’étais porteur, cette célérité plus grande, en me coûtant le double d’argent, eut été une grande niaiserie. Aussi à partir de Lübeck même je me suis presque constamment pris de la diligence. Ici j’ai trouvé en arrivant une réunion de Princes et Princesses des plus brillantes. Pour les noms et détails je vous renvois aux journaux. Cette brillante réunion qui reste quelques jours à Munich et puis se transporte à Tegernsee a failli être attristée par un accident qui aurait pu être affreux. Dernièrement le Roi de Bavière, la Reine, sa femme, et l’Impératrice douairière d’Autriche*, en se promenant en calèche dans les montagnes de Berchtesgaden, ont manqué être jetés dans un précipice de 80 pieds de profondeur. On n’a eu que le temps de couper les traits, trois chevaux ont été engloutis.
Quant à la société de Munich, je n’en ai retrouvé que quelques débris. Il n’y a que le corps diplomatique qui soit au complet. Mr Sévérine toujours établi hors de la ville, et qui est encore fort peu accommodé dans le pays, m’a fait l’accueil le <plus> aimable. J’ai dîné l’autre jour chez lui avec Греч, dont j’ai été bien aise de faire la connaissance. Excellent homme, chaud patriote et grand parleur*. Je devais y dîner encore aujourd’hui. Mais une invitation de la Reine douairière est venue m’enlever à la sienne.
Maltitz est absent. Mais j’espère qu’il ne tardera pas à revenir.
Vous me parlez du choléra dans votre lettre. N’en ayez, je vous prie, nul souci. D’abord il n’est pas à Turin, et selon la position de l’endroit il n’est pas même probable qu’il y vienne. Et puis je vous promets, que si j’apprenais qu’il y est, j’ajournerai mon départ*, ce qui peut se faire sans grand inconvénient. Je saurai à quoi m’en tenir, en passant par la Suisse, où je compte me rendre dans quelques jours d’ici pour y avoir une entrevue avec Potemkine qui y est en ce moment et qui probablement y restera quelque temps, vu que le choléra règne à Rome avec une grande intensité. D’après les dernières nouvelles la maladie était arrivée jusqu’à Florence. Quant à Gênes, il n’y a eu que des cas isolés.
Ce qui m’inquiète bien plus que le choléra italien, c’est le typhus qui règne à Varsovie. J’espère que Nicolas persistera dans son projet de venir vous voir à Pétersbourg, et une fois près de vous, faites-moi le plaisir de le garder jusqu’à ce que vous puissiez le renvoyer sans danger à Varsovie. Oh les maudites distances.
Je viens d’écrire à ma femme une longue lettre*. Je vous avoue que son voyage me préoccupe et m’inquiète beaucoup. Je lui ai dit les inconvénients réels que je voyais à le lui laisser entreprendre dans cette saison et dans les circonstances actuelles. Je ne répéterai pas ici toutes les raisons que je lui allègue dans ma lettre. Ce serait trop long. D’ailleurs, en vous en parlant, elle vous les fera connaître. D’abord je crains beaucoup la fatigue du voyage <pour sa santé> qui depuis quelque temps n’est rien moins que bonne et qui pour se refaire un peu aurait grandement besoin de quelques mois de repos et de tranquillité, tandis que de nouvelles fatigues et des tribulations nouvelles finiront par l’abîmer complètement.
Puis donc l’impossibilité où l’on est de calculer juste à d’aussi énormes distances, je crains fort qu’arrivée à Munich, elle ne soit empêchée par un obstacle quelconque de continuer, et il suffirait d’un retard de quelques jours pour faire manquer tout son voyage et l’obliger de passer l’hiver en Allemagne. Ce qui serait très pénible pour elle, très désagréable pour moi et entretiendrait pour tous deux de notables dérangements. D’ailleurs, pour qu’à son arrivée à Turin nous ne nous trouvions pas replongés dans de nouveaux embarras, il faut de toute nécessité que nous ayons obtenu du Ministère, avec l’aide d’Amélie Krüdener, de quoi faire face aux frais de prendre établissement. Cette condition est de rigueur. Car si les embarras pécuniaires sont une grande calamité partout toujours, ils sont cent fois plus intolérables dans un pays où l’on est tout à fait étranger et en face d’une société où vous ne pouvez espérer de trouver aucun point d’appui.
Voilà quelques-unes des raisons que je lui ai exposées… Je veux, j’exige d’elle qu’après les avoir mûrement pesées et méditées elle prenne une détermination parfaitement libre et spontanée. Car elle seule est en état d’avoir un avis sur ce qu’il y a à faire, puisqu’elle seule connaît à fond notre position toute entière. Je sais que le parti de passer l’hiver à Pétersb<ourg> a bien aussi ses inconvénients. A part la séparation, la cherté du séjour est telle, que même en s’imposant toutes les restrictions possibles, l’abandon que je lui fais de mon traitement sera à peine suffisant pour la faire vivre. Cela suffirait peut-être, le logement payé. Enfin au milieu de ces perplexités la seule chose qui me rassure et me remette dans l’esprit un peu de ce calme dont j’ai tant besoin, c’est la certitude que quelque soit le parti qu’elle prenne, soit qu’elle reste, soit qu’elle parte, votre appui et votre affection ne lui manqueront pas aucun cas.
Quant à moi, grâce à la modestie du mode que j’ai choisi pour faire ma course de courrier, je suis parvenu à ne dépenser que cent ducats. Il m’en reste encore deux cents. Cet argent doit me suffire pour faire arriver à Turin et me mettre en mesure d’attraper le bout de l’année.
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